Ô Solitude

John Keats

O Solitude! if I must with thee dwell,
Let it not be among the jumbled heap
Of murky buildings; climb with me the steep,—
Nature’s observatory—whence the dell,
Its flowery slopes, its river’s crystal swell,
May seem a span; let me thy vigils keep
’Mongst boughs pavilion’d, where the deer’s swift leap
Startles the wild bee from the fox-glove bell.
But though I’ll gladly trace these scenes with thee,
Yet the sweet converse of an innocent mind,
Whose words are images of thoughts refin’d,
Is my soul’s pleasure; and it sure must be
Almost the highest bliss of human-kind,
When to thy haunts two kindred spirits flee.

Ô Solitude ! si je dois habiter avec toi,
Que ce ne soit pas parmi les entassements confus
De sombres masures ! Gravis avec moi le pic escarpé, —
Observatoire de la nature, — d’où le vallon
Avec ses pentes fleuries et le gazouillis cristallin de sa rivière,
Puisse sembler un empan ; que je passe tes veillées
Sous des voûtes de branches où le daim, par ses bonds rapides,
Écarte l’abeille sauvage de la digitale à clochettes.
Mais, quoique je sois heureux d’assister à ces scènes en ta compagnie.
Pourtant, l’aimable causerie avec un esprit naïf,
Dont les propos sont des images de pensées délicates
Est la joie de mon âme ; et, sûrement ce doit être
À peu près la plus haute félicité de la race humaine,
Lorsque dans tes retraites se réfugient deux âmes sœurs.

John Keats, Life, Letters and Literary Remains of John Keats (1848), 1819.
Traduction Paul Gallimard, 1910