Belle Main

Paul Éluard

Ce soleil qui gémit dans mon passé
N’a pas franchi le seuil
De ma main de tes mains campagne
Où renaissaient toujours
L’herbe les fleurs de promenades
Les yeux toutes leurs heures
On s’est promis des paradis et des tempêtes
Notre image a gardé nos songes

Ce soleil qui supporte la jeunesse ancienne
Ne vieillit pas il est intolérable
Il me masque l’azur profond comme un tombeau
Qu’il me faut inventer
Passionnément
Avec des mots.

Paul Éluard, Les Mains Libres, 1944.

Poème proposé par Nicéphore S. Merci.