Je t’aide à enjamber les haies
À ne pas suivre les sentiers
À ne rien céder de nos rêves
Nous oublions le sable mou,
La mer épaisse le ciel bas
Les heures lourdes de patience
Et ces distances dans le noir
Qui sont un défi à ton front
Notre soleil nous a livré
Sa chaude chair de liberté
Nous embrassons la bouche bleue
L’odeur le souffle la clarté
Du champ le plus mystérieux
Et dans ta bouche nos paroles
Comme l’air pur dans ta poitrine
Fondent les cloches du plaisir.
Paul Éluard, Le Livre Ouvert, 1938-1944.