I met a traveller from an antique land
Who said: “Two vast and trunkless legs of stone
Stand in the desart. Near them, on the sand,
Half sunk, a shattered visage lies, whose frown,
And wrinkled lip, and sneer of cold command,
Tell that its sculptor well those passions read
Which yet survive, stamped on these lifeless things,
The hand that mocked them and the heart that fed:
And on the pedestal these words appear:
‘My name is Ozymandias, king of kings:
Look on my works, ye Mighty, and despair!’
Nothing beside remains. Round the decay
Of that colossal wreck, boundless and bare,
The lone and level sands stretch far away.”
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m’a dit : « Deux jambes de pierre vastes et sans tronc
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement
De sourcil et la lèvre plissée, et le ricanement
Du froid commandement disent que le sculpteur sut bien lire
Ces passions qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie,
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit :
Et sur le piédestal apparaissent ces mots :
“Mon nom est Ozymandias, roi des rois :
Voyez mes ouvrages, ô Puissants, et désespérez !”
Rien d’autre ne demeure. Tout autour de cette colossale
Épave, stérile et nue, les sables solitaires
Et réguliers s’étendent à perte de vue. »
Percy Bysshe Shelley, Rosalind and Helen, A Modern Eclogue, 1819.
Traduction Félix Rabbe, 1887