Sur La Rive

Marie Dauguet

Mon coeur frissonne comme une herbe légère
Au bord de l’eau, comme
Une aile de libellule ou d’éphémère.
Et mon coeur se nomme

La chose imprécise et fuyante et fragile,
Comme un vain roseau,
Comme un oiseau. Il est morceau d’argile
Détrempé par l’eau

Des pleurs, brûlé de rêves, pétri d’extases.
Et qu’est-il en somme,
A travers tant d’incertitudes et de phases?
Craintif, il se nomme

Le reflet des gestes et des attitudes,
Miroir comme l’eau,
Où tremblent les désirs et les lassitudes,
Le bris d’un roseau.

Marie Dauguet, La Poésie Freudienne, 1860-1942.